Les sanctions pour harcèlement moral : quelles sont les conséquences juridiques ?

des sanctions importantes pour l'entreprise en cas de harcèlement moral

Le harcèlement moral en entreprise est une problématique sérieuse qui peut affecter la santé mentale et physique des salariés, dégrader l’ambiance de travail et entraîner des répercussions lourdes pour l’employeur. En France, la loi encadre strictement cette question et impose des sanctions à ceux qui se rendent coupables de harcèlement moral. Ces sanctions peuvent être civiles, pénales, mais aussi disciplinaires, tant pour l’auteur des faits que pour l’employeur s’il n’a pas pris les mesures nécessaires pour prévenir ces agissements.

Cet article fait le point sur les conséquences juridiques du harcèlement moral, en abordant à la fois les sanctions judiciaires encourues par les auteurs, ainsi que les responsabilités et risques encourus par les entreprises.

1. Le cadre légal du harcèlement moral en entreprise

Le harcèlement moral est défini par l’article L1152-1 du Code du travail comme « des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte aux droits et à la dignité du salarié, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel ». Cette définition englobe des comportements variés comme l’humiliation, l’isolement, les critiques répétées, ou encore la surcharge de travail délibérée.

L’employeur a l’obligation légale de prévenir ces situations et de protéger ses salariés. Il doit mettre en place des actions de prévention des risques psychosociaux, notamment via des formations, des dispositifs de signalement et une politique de tolérance zéro.

En cas de harcèlement avéré, plusieurs niveaux de sanctions peuvent être appliqués.

2. Les sanctions pénales pour l’auteur du harcèlement moral

Le harcèlement moral est également un délit pénal en France. L’article 222-33-2 du Code pénal précise que les personnes reconnues coupables de harcèlement moral encourent :

  • Deux ans d’emprisonnement,
  • 30 000 euros d’amende.

Si le harcèlement moral a conduit la victime à un arrêt de travail supérieur à 8 jours, ou si la victime est particulièrement vulnérable en raison de son âge, d’une maladie, d’un handicap ou de sa grossesse, les sanctions sont aggravées et peuvent atteindre jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.

L’auteur du harcèlement peut être un collègue, un supérieur hiérarchique, mais aussi un client ou un prestataire externe. Dans tous les cas, les mêmes sanctions pénales s’appliquent, car la loi vise à protéger le salarié dans l’ensemble de ses interactions professionnelles.

3. Les sanctions civiles et le dédommagement des victimes

Sur le plan civil, l’auteur du harcèlement moral peut être condamné à indemniser la victime pour les préjudices subis, qu’ils soient physiques, moraux ou financiers. La victime peut engager une action en justice devant le Conseil des prud’hommes pour obtenir réparation. Les dommages-intérêts varient en fonction de la gravité du harcèlement, de ses conséquences sur la santé de la victime et de l’impact sur sa carrière.

Les conséquences financières pour l’auteur du harcèlement peuvent donc être considérables, notamment si la victime est dans l’incapacité de travailler ou si elle a dû quitter l’entreprise en raison du harcèlement (licenciement abusif ou démission considérée comme équivalente à un licenciement forcé).

4. Les responsabilités et sanctions pour l’employeur

L’employeur a une responsabilité légale dans la prévention du harcèlement moral. Il est tenu d’assurer la sécurité physique et mentale de ses salariés (article L4121-1 du Code du travail). S’il est prouvé qu’il n’a pas pris les mesures nécessaires pour prévenir le harcèlement ou pour le traiter dès qu’il en a eu connaissance, il peut être tenu responsable sur plusieurs plans :

  • Sanctions civiles : L’employeur peut être condamné à verser des dommages et intérêts à la victime pour manquement à son obligation de sécurité.
  • Sanctions pénales : En cas de harcèlement moral avéré dans l’entreprise, l’employeur peut être poursuivi pénalement pour complicité s’il a délibérément laissé la situation se dégrader sans intervenir. Les sanctions peuvent inclure des amendes et, dans les cas graves, des peines de prison.
  • Sanctions administratives : L’Inspection du travail peut intervenir et mettre en demeure l’entreprise de prendre des mesures correctives. En cas de manquement grave, cela peut aller jusqu’à une fermeture temporaire de l’établissement concerné.

Enfin, si le harcèlement moral est considéré comme un accident de travail ou une maladie professionnelle, l’entreprise peut voir ses cotisations d’assurance augmentées, et sa réputation professionnelle affectée.

5. Les sanctions disciplinaires en interne

Outre les sanctions judiciaires, le harcèlement moral peut également entraîner des sanctions disciplinaires au sein de l’entreprise. En fonction de la gravité des faits et des dispositions du règlement intérieur, l’employeur peut prendre les mesures suivantes contre l’auteur du harcèlement :

  • Avertissement ou blâme : il s’agit des sanctions les plus légères, souvent utilisées pour des faits isolés ou moins graves.
  • Mise à pied disciplinaire : suspension temporaire de l’emploi et du salaire pour une durée déterminée.
  • Mutation ou rétrogradation : dans certains cas, l’auteur du harcèlement peut être déplacé dans un autre service ou se voir retirer certaines responsabilités.
  • Licenciement pour faute grave : c’est la sanction la plus sévère et elle peut être appliquée lorsque les faits de harcèlement sont graves et prouvés. Il est important de noter qu’un salarié licencié pour faute grave ne bénéficie pas d’indemnités de licenciement ni de préavis.

6. Les recours pour l’employeur : se protéger contre les risques juridiques

Pour se prémunir des risques liés au harcèlement moral, l’employeur doit adopter une politique de tolérance zéro et mettre en œuvre des actions de prévention et de formation. Voici quelques pratiques à adopter :

  • Former régulièrement les salariés et les managers sur les risques psychosociaux et le harcèlement moral.
  • Mettre en place un dispositif de signalement efficace et sécurisé pour permettre aux victimes et aux témoins de dénoncer les agissements de manière anonyme si nécessaire.
  • Soutenir les victimes en leur offrant un accompagnement psychologique et juridique si besoin.
  • Réaliser des audits sociaux réguliers pour évaluer le climat social et identifier les risques potentiels de harcèlement au sein de l’entreprise.

En agissant ainsi, l’employeur protège non seulement ses salariés, mais aussi l’image et les performances de son entreprise.

Conclusion

Le harcèlement moral en entreprise peut entraîner des sanctions pénales, civiles et disciplinaires sévères pour l’auteur des faits, mais aussi pour l’employeur s’il n’a pas pris les mesures nécessaires pour prévenir et traiter ces situations. La prévention reste le meilleur moyen d’éviter ces sanctions. Former, sensibiliser et mettre en place des outils de signalement efficaces sont des démarches clés pour garantir un environnement de travail sain et respectueux pour tous les salariés.

Retour en haut